Du nouveau quand j’appelle le Centre 15

Le 15 est sûrement le premier numéro de téléphone que l’on apprend – avec le 17, le 18, et le 112… Deux chiffres historiques, associés depuis 1978 au Service d’Aide Médicale d’Urgence (Samu), et qu’il faut seulement composer en cas de problème urgent. Par exemple ? Un malaise, une hémorragie, une douleur thoracique, une intoxication, etc. Voilà 50 ans que sa fonction n’avait pas changé ! Mais depuis peu, le 15 adopte un nouveau rôle en termes de santé publique… Son but ? Soulager les services d’urgence à l’hôpital ! On vous explique tout.

Fortes tensions dans les services d’urgences médicales

L’hôpital français souffrait déjà ; l’épisode du COVID l’a fragilisé davantage. Symptôme le plus visible ? Au service des urgences, les files d’attente deviennent de plus en plus longues… Au point que certains spécialistes s’inquiètent de ne pas pouvoir traiter tous les patients comme il se doit. Une inquiétude qu’exprimait par exemple au mois de mai Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France : “Ce sera sans doute l’été le plus difficile qu’on n’ait jamais connu. Il faut vite trouver des solutions.”

Pourtant, l’engorgement des services d’urgence ne semble pas être une fatalité. Le fait est que, par manque de connaissance, par manque de conseils ou de médecins disponibles (notamment dans les déserts médicaux), beaucoup de patients se tournent vers les urgences “par défaut”. Ainsi, selon l’ARS, entre 30 et 40% des patients accueillis aux urgences pourraient être aussi bien (voir mieux) pris en charge ailleurs, dans un cabinet, une maison ou un centre de santé. 

Le SAS : une solution pour désengorger les urgences

Le Service d’Accès au Soin, ou SAS, est un nouveau dispositif qui vient d’être intégré au Samu. Concrètement, chaque fois que vous appellerez le numéro 15 (si votre médecin traitant n’est pas disponible), le SAS vous mettra d’abord en relation avec un professionnel de santé. Son rôle ? Analyser votre demande puis vous orienter vers le meilleur parcours de soin possible. En fonction de votre situation il pourra : 

  • vous donner un conseil médical, 
  • vous proposer une téléconsultation, 
  • vous réserver une consultation adaptée, 
  • mobiliser le SAMU, 
  • vous permettre un accès simple et lisible à un autre professionnel.

Le SAS vient d’être expérimenté pour la première fois en mai, au CHU de Bordeaux. Depuis, le dispositif s’est généralisé à une quarantaine d’établissements, en grande majorité en soirée et la nuit. Avec des résultats très prometteurs !

Les plateformes web jouent également un rôle

Pour un maximum d’efficacité, le SAS s’est associé aux plateformes digitales existantes dans le domaine de la santé, celles qu’utilisent déjà des millions de médecins et de patients en France. Maiia, par exemple, fait partie des plateformes partenaires.

Si l’opérateur téléphonique du SAS le souhaite, il pourra se servir de cette plateforme pour vous orienter vers un médecin de ville et fixer un rendez-vous ; de plus, si aucun médecin n’est disponible à proximité, il pourra également se servir de la plateforme pour fixer une téléconsultation rapidement.

Finalement, la transition vers le SAS devrait se faire en douceur, puisque les patient n’ont pas besoin de changer leurs habitudes (il suffit d’appeler le 15 comme avant), tandis que les médecins de ville n’ont pas besoin de faire quoi que ce soit (leurs disponibilités renseignées sur Internet sont directement agrégées par la plateforme nationale).

Le but final ? Que vous soyez soigné du mieux possible, le plus vite possible, tout en préservant ce bien collectif qu’est notre hôpital public ! 

Les premiers tests menés sur le SAS, dans 13 régions différentes, sont pour le moment très concluants. Une généralisation progressive, à l’échelle nationale, est donc prévue pour l’horizon mi-2023. 

(1) Le Parisien, Urgences : «Le pire est à craindre pour cet été», alerte le président de la Fédération hospitalière, 28 mai 2022