Parce que si vous ne faites pas attention, vous pouvez rapidement vous blesser, NeuroXTrain vous explique comment faire pour éviter une tendinopathie d’Achille.
En 2 mots
Le tendon d’Achille est le tendon le plus résistant du corps humain. Ce tendon relie le muscle plantaire, le gastrocnémien et le soléaire à l’os calcanéen. Une structure en forme de gaine composée d’une seule couche de cellules entoure le tendon ; c’est ce qu’on appelle le paratenon. Le paratenon fournit une partie importante de l’apport sanguin au tendon. Des études ont montré une zone d’hypovascularisation située de 2 à 6 cm en amont de l’insertion calcanéenne ; c’est une zone commune de blessure. Le tendon d’Achille permet aux muscles du mollet d’agir sur le talon, étant nécessaire pour marcher ou courir. Le tendon peut subir différentes blessures ou pathologies, sur différentes zones.
Quels sont les facteurs entrainant l’apparition d’une tendinopathie d’Achille ?
Les causes et les mécanismes de la tendinopathie d’Achille (TA) sont les suivants :
- Facteurs intrinsèques : cela inclut les facteurs anatomiques, l’âge, le sexe, le dysfonctionnement métabolique, la cavité du pied, la dysmétrie, la faiblesse musculaire, le déséquilibre, le dysfonctionnement gastrocnémien, la variation anatomique du muscle plantaire, la vascularisation des tendons, le glissement du fascicule, et l’instabilité latérale de la cheville.
- Facteurs extrinsèques : ils comprennent la surcharge mécanique, l’effort constant, l’équipement inadéquat, l’obésité, les médicaments (corticostéroïdes, stéroïdes anabolisants, fluoroquinolones), des chaussures inappropriées, un échauffement ou un étirement insuffisant, des surfaces d’entrainement dures et un traumatisme direct, entre autres.
Les facteurs liés à un risque élevé de rupture du tendon d’Achille sont liés à un âge avancé en raison d’un manque d’uniformité des tendons, d’un glissement des faisceaux et d’une charge d’entrainement excessive chez les athlètes. Les sportifs ont tendance à se blesser à l’insertion du tendon d’Achille.
Quelle incidence épidémiologique ?
Le tendon d’Achille a une incidence cumulative de blessures à vie d’environ 24 % chez les athlètes. Les blessures liées à la course ont une prévalence comprise entre 11 % et 85 % ou 2,5 à 59 blessures par 1000 heures de course. Les résultats d’une étude citent la fréquence de la tendinopathie d’Achille de 1 à 2% chez les athlètes adolescents d’élite. Une autre étude a cité la fréquence des blessures à 9% chez les athlètes récréatifs. Cela vient probablement des erreurs d’entrainements réalisés par les sportifs non encadrés. Cette incidence augmente par ailleurs chez les hommes plus âgés. La plupart des ruptures du TA surviennent chez les hommes, avec un rapport homme/femme de 3,5 pour 1.
Le tendon d’Achille a deux portions tendineuses ; un en amont puis un autre se rejoignant progressivement en aval, ce qui donne un tendon unique et homogène. Il comprend trois têtes musculaires ; le soléaire est monoarticulaire et le plantaire et le gastrocnémien, qui sont biarticulaires. Il existe deux sites où la tension mécanique du tendon se produit, la partie médiale/centrale du paratenon au niveau portion moyenne du tendon qui est le site de blessure le plus courant. On recense également de nombreuses tendinopathies d’insertion du tendon.
Comment traiter la tendinopathie d’Achille ?
Le but de la rééducation actuelle est de restaurer les propriétés physiologiques des tendons et des muscles à travers différents types de contractions musculaires. Le protocole de Stanish a été utilisé durant de nombreuses années grâce aux bénéfices de la contraction excentrique et les adaptations structurelles que cette dernière entraine. Il existe également des preuves que l’entrainement HSR (Heavy Slow Resistance training) permet d’améliorer la douleur et la fonction du tendon d’Achille. Quoi qu’il en soit, les entrainements de force semblent fournir un stimulus important pour faciliter la guérison du tendon et du muscle.
En revanche, il a été démontré notamment au niveau du tendon patellaire que la tendinopathie entraine des changements au niveau cortical : une inhibition corticospinale accrue ainsi qu’une excitabilité corticospinale augmentée du membre possédant la tendinopathie. Ce concept peut être extrapolé au niveau du tendon d’Achille.
C’est pourquoi un protocole récent a été développé : le Tendon Neuroplastic training (TNT). Les effets de ce type d’entrainement se produisent non seulement au niveau musculaire, mais induisent également des modifications corticales afin de reprogrammer le tendon et d’éviter le risque de récidives.
Le protocole du TNT joue sur le tempo (3 secondes de contraction concentriques et 4 secondes de contraction excentrique) et sur l’augmentation progressive de la charge (2,5%).
Return-to-play et tendinopathies de portion moyenne
La tendinopathie d’Achille (TA) de la portion moyenne peut entrainer une absence prolongée de la participation sportive et peut même mettre fin à la carrière chez 5 % des athlètes atteints de TA. Des taux de récidive atteignant 27 % ont été signalés, en particulier chez les personnes ayant de courtes périodes de récupération (0 à 10 jours), ce qui pourrait être lié au fait que, bien que les symptômes aient complètement disparu, des déficits de la fonction musculo-tendineuse peuvent persister dans 25 % des patients, mettant l’athlète à risque de se blesser à nouveau. Par conséquent, il est important qu’une décision de retour au sport (RTP) soit prise avec soin, basée sur de multiples facteurs et impliquant toutes les parties prenantes concernées.
Les critères qui ressortent comme essentiels à la suite d’une évaluation de la tendinopathie d’Achille pour le return to play sont :
- VISA A questionnaire : il s’agit d’un questionnaire valide et fiable pour suivre l’évolution de la douleur et de la fonction durant la rééducation
- Force isocinétique de la flexion plantaire : une force réduite la flexion plantaire est un élément commun retrouvé chez les patients souffrant de tendinopathies
- Analyse du pas en 3 dimensions : Une biomécanique de course modifiée et des stratégies de recrutement musculaire ont été mises en évidence chez les coureurs avec TA.
- Hop tests : Les propriétés du tendon d’Achille contribuent aux performances du cycle de raccourcissement de l’étirement lors des exercices de saut et de réception. Des propriétés mécaniques réduites des tendons, un taux de développement de la force des muscles fléchisseurs plantaires et des déficits sur un seul test de saut vers l’avant sont observés chez des patients atteints de TA. Les tests de saut sur une jambe sont essentiels pour calculer le LSI (Lower Limb Symmetry index : symétrique entre-jambes gauche et droit)
- Drop jumps : Le drop jump (saut depuis une box de 30cm puis saut immédiat après réception) permet d’évaluer le cycle étirement-raccourcissement du tendon d’Achille avec un effort pliométrique représentatif des conditions sportives réelles.
- Single leg hurdle Hop : Il s’agit d’un saut sur une jambe par-dessus deux haies de 15cm. Cela témoigne également des capacités pliométriques du tendon et de stabilité de la cheville.
À l’issue de ces tests, le praticien pourra décider ou non de donner le feu vert au sportif. Bien évidemment, il s’agit d’une liste de tests non exhaustive, aucun consensus n’établit vraiment quels sont les critères de RTP.
Conclusion
Les tendinopathies d’Achilles sont des lésions courantes du système musculosquelettiques. Il apparait essentiel de gérer la charge et le volume d’entrainement du sportif et de renforcer le tendon sans oublier un travail cortical et neuromusculaire pour un tendon sain et prêt à absorber une charge de travail importante.
Cet article ne saurait se substituer à un avis médical. En cas de doute, nous vous invitons à consulter votre médecin traitant.
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Article rédigé par NeuroXtrain.
Sources :
Griffin, C., Daniels, K., Hill, C. et al. A criteria-based rehabilitation program for chronic mid-portion Achilles tendinopathy: study protocol for a randomised controlled trial. BMC Musculoskelet Disord 22, 695 (2021).
Habets, B., van den Broek, A. G., Huisstede, B., Backx, F., & van Cingel, R. (2018). Return to Sport in Athletes with Midportion Achilles Tendinopathy: A Qualitative Systematic Review Regarding Definitions and Criteria. Sports medicine (Auckland, N.Z.), 48(3), 705–723.
Medina Pabón MA, Naqvi U. Achilles Tendonitis. [Updated 2021 Jun 5]. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2021 Jan-.