L’importance de la kinésithérapie dans le cas d’un syndrome fémoro-patellaire

Pour vous accompagner dans votre pratique sportive, NeuroXTrain lève le voile sur l’importance de la kinésithérapie quand vous faites de la course à pied.

La course à pied, principale cause du syndrome rotulaire

La course de loisir a gagné en popularité auprès de la population générale en raison de sa facilité d’accès : liberté sur les horaires, matériel peu couteux, se pratique partout. Malgré tous les bienfaits de la course à pied, les blessures musculo-squelettiques sont fréquentes chez les coureurs avec une prévalence rapportée allant jusqu’à 79 %, le genou étant l’articulation la plus touchée. Il est important de noter que la plupart des personnes pratiquent seules et ne possèdent pas de coach ou de spécialistes pour les accompagner. Lorsqu’un sportif récréatif est donc blessé, il en revient au kinésithérapeute de rééduquer le genou lésé, mais aussi d’aider le patient à trouver un volume de travail adéquat pour éviter toutes récidives. 

Le syndrome fémoro-patellaire (SFP ou syndrome rotulien) a été rapporté comme la blessure de course à pied la plus fréquente, allant de 19 à 30 % des diagnostics chez les femmes et de 13 à 24 % chez les hommes. Ainsi, il n’est pas surprenant que le SFP soit également connu sous le nom de « genou du coureur ».

On pense que ce syndrome lié à la course est causé par une combinaison de facteurs pouvant être en rapport avec des erreurs d’entraînement, une force ou un contrôle inadéquat des muscles des membres inférieurs. Étant donné que la course est associée à d’énormes charges cumulées dans les articulations des membres inférieurs, les erreurs d’entraînement seraient en partie responsables de plus de 60 % des blessures liées à la course. Encore une fois, le kinésithérapeute joue un rôle clé en ce qui concerne l’éducation et la planification des sessions de courses. 

Les observations cliniques révèlent que les coureurs diagnostiqués avec un SFP avaient récemment incorporé des changements dans leur séances d’entraînement, tels que des augmentations de la distance ou de la vitesse de course, ainsi que des ajouts rapides de descente et/ou de course en dénivelé positif.  

L’éducation sur les charges d’entraînement appropriées devrait donc être abordée comme une composante principale des interventions chez les coureurs avec un SFP.

Plusieurs études ont rapporté que ce syndrome chez les coureurs pourrait être lié à des déficits de force des membres inférieurs. Des études transversales suggèrent que les coureurs avec le SFP peuvent présenter des déficits de force notamment au niveau de leurs extenseurs du genou (quadriceps) ou abducteurs de la hanche par rapport aux coureurs sans SFP. Cependant, dans deux études prospectives, les 21 coureurs qui ont développé un SFP n’avaient pas de déficit de force des membres inférieurs de ces groupes musculaires avant leur inscription au programme d’entraînement mis en place par les chercheurs. 

Ainsi, on peut supposer que les déficits de force chez les personnes atteintes de SFP peuvent être une conséquence du SFP due à la douleur plutôt que la cause du SFP.

 

Symptômes

Les symptômes peuvent être unilatéraux ou bilatéraux et peuvent être progressifs ou aigus. Les patients décriront également une aggravation des symptômes avec l’accroupissementla course, la position assise prolongée ou l’utilisation d’escaliers. La douleur sera généralement mal localisée : derrière ou autour de la rotule. Le SFP est considéré comme un diagnostic d’exclusion ; par conséquent, il faut exclure d’autres conditions qu’il peut imiter. Certains patients peuvent décrire un genou qui « lâche » ou une sensation d’accrochage dans le genou.

Diagnostic

Lors du diagnostic clinique du SFP, une recherche plus approfondie avec une radiographie standard n’est généralement pas effectuée sauf si les symptômes ne s’améliorent pas après un à deux mois de gestion conservatrice. Les radiographies ne sont généralement pas bien corrélées avec la plainte du patient, et le côté affecté par rapport au côté non affecté est généralement difficile à différencier. Si le patient ne répond pas au traitement, l’imagerie est utilisée pour exclure d’autres causes de douleur similaire, telles que la rotule bipartite, l’arthrose et les fractures occultes. L’imagerie avancée telle que l’IRM, l’échographie musculo-squelettique et la tomodensitométrie ne sont généralement pas indiquées et sont plutôt utilisées pour évaluer ou exclure d’autres pathologies.



Cinématique de la course et axes de traitements

Des déficits de contrôle des membres inférieurs pendant la course ont également été identifiés chez des coureurs atteints de SFP. Noehren et al. ont constaté que les coureuses atteintes de SFP présentaient des angles d’adduction et de rotation interne de la hanche accrus pendant la phase d’appui de la course par rapport aux coureuses sans affectation pathologique. 

De plus, Willy et al. ont observé que les coureurs masculins avec un SFP avaient une chute pelvienne controlatérale significativement plus élevée que les témoins sains, mais ont également montré moins d’adduction de la hanche par rapport aux femmes avec un SFP. 

Ces observations soulignent donc l’importance d’un muscle en particulier : le moyen fessier. Il fera donc l’objet d’une attention particulière pour le kinésithérapeute au moment du bilan et de la rééducation

Sur la base d’analyses utilisant l’imagerie par résonance magnétique dynamique, on pourrait supposer qu’une augmentation de l’adduction maximale de la hanche, de la rotation interne de la hanche et de la chute pelvienne controlatérale pendant la course entraînerait une surcharge rétropatellaire focale. Des forces fémoro-patellaires excessives pendant la course pourraient également être le résultat de forces de réaction au sol plus élevées. Plus précisément, le taux de charge verticale de la force d’impact a été associé à plusieurs blessures secondaires à un programme de course, y compris le SFP.

Sur la base des informations présentées ci-dessus, plusieurs facteurs doivent être pris en compte lors de la sélection d’un programme de rééducation chez les coureurs atteints de SFP. 

  • Premièrement, le programme pourrait simplement se concentrer sur la modification des charges d’entraînement afin de gérer la douleur et de favoriser l’adaptation des tissus.
  • Deuxièmement, des exercices ciblant les quadriceps ainsi que les muscles de la hanche et du tronc pourraient être prescrits pour augmenter la capacité de supporter des charges en renforçant ou en améliorant le contrôle des membres inférieurs. Le programme pourrait également inclure un réentraînement à la marche pour diminuer les forces sur le genou pendant la course. Les interventions proposées pour atteindre cet objectif comprennent l’augmentation de la fréquence des pas, une course plus douce et une technique de course favorisant une attaque medio pied voire avant pied, plutôt que talon, cette dernière étant beaucoup plus traumatisante. Il est intéressant de noter que la réduction du taux de chargement vertical (ce taux de mise en charge est défini par la vitesse à laquelle la force d’impact est appliquée sur le pied) s’est avérée être un facteur clé de réduction des charges transmises au genou.

Existe-t-il des complications du syndrome fémoropatellaire ?

Une complication du SFP comprend le développement d’une arthrose fémoro-patellaire secondaire à un engagement inadéquat de la rotule, ce qui peut entraîner des douleurs chroniques. Une autre complication importante est que certains patients doivent arrêter des activités qu’ils appréciaient auparavant en raison de cette activité qui leur cause de la douleur. Il sera donc important de distinguer kinésiophobie (peur du mouvement) et dommages structurels forçant l’arrêt de l’activité. 

Cet article ne saurait se substituer à un avis médical. En cas de doute, nous vous invitons à consulter votre médecin traitant.

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Article rédigé par NeuroXtrain.

Sources : 

Esculier, J. F., Bouyer, L. J., Dubois, B., Frémont, P., Moore, L., & Roy, J. S. (2016). Effects of rehabilitation approaches for runners with patellofemoral pain: protocol of a randomised clinical trial addressing specific underlying mechanisms. BMC musculoskeletal disorders, 17, 5. https://doi.org/10.1186/s12891-015-0859-9. Article sous licence Creative Commons 4.0 CC-BY. 
Bump JM, Lewis L. Patellofemoral Syndrome. [Updated 2021 May 8]. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2021 Jan-. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK557657/. Livre sous licence Creative Commons 4.0 CC-BY.

ROMAIN STREIT. Étudiant HES – Filière Physiothérapie. SOPHIE MAIRE Etudiante HES – Filière Physiothérapie .Directrice de travail de Bachelor : SUZANNE GARD. Programme de course à pied avec feedback visuel : quel est l’intérêt sur le taux de mise en charge au sol chez les coureurs adultes ?