Le problème est assez grave pour que le Président lui-même s’engage : en décembre dernier, il déclarait1 que la pénurie de médecins était l’un “des problèmes les plus importants aujourd’hui de notre pays”, promettant du même coup qu’il ne laisserait pas “des déserts médicaux supplémentaires se faire”. Le phénomène est donc une réalité prise très au sérieux… Mais est-ce pour autant une fatalité ?
Désert médical : définitions
Un désert médical peut se mesurer de deux manières.
D’abord, on peut le mesurer sur une dimension spatiale. Le désert médical correspond alors à une zone où les professionnels de santé sont rares, éloignés des patients, et ne forment pas un vrai maillage territorial.
Deuxièmement, on peut mesurer le désert médical sur une dimension temporelle : il correspond alors aux médecins surchargés qui doivent traiter trop de patients. Les rendez-vous sont donc plus difficiles à obtenir, il faut les attendre longtemps, et souvent, le professionnel peut accorder moins de temps à chaque malade.
Un désert médical a des conséquences fâcheuses. Nous venons d’en citer certaines, comme l’accroissement des files d’attente et la dégradation du suivi médical des patients. De plus, dans un désert médical, les patients qui souhaitent consulter vont souvent se reporter sur les services d’urgence. C’est donc une charge en plus pour l’hôpital, déjà mis à rude épreuve.
Les déserts médicaux ont des causes multiples. Les médecins peuvent s’installer où ils le souhaitent et tendent à se concentrer dans les territoires attractifs (notamment les villes), tandis que les zones rurales les plus pauvres sont délaissées. De plus, certains observateurs estiment qu’on ne forme simplement pas assez de praticiens, et que nous sommes limité par la capacité d’accueil de nos universités2.
La réalité française
Un rapport sénatorial3 du 29 mars 2022 nous permet de faire le point sur la situation nationale. Et celle-ci s’avère inquiétante en bien des points.
Aujourd’hui, 30,2% de la population française vit dans un désert médical. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce chiffre est particulièrement élevé en Île-de-France puisqu’il atteint 62,4% – les banlieues et les quartiers populaires étant particulièrement mal dotés.
Le même rapport nous apprend que ces déserts ont déjà des conséquences bien mesurables sur la santé des français. Ils sont chaque année 1,6 million à renoncer à des soins, tandis que les délais moyens d’attente pour un rendez-vous s’allongent (jusqu’à 6 mois pour une consultation d’ophtalmologie). Les médecins souffrent également de la situation puisque 45% des généralistes seraient en situation de burn-out.
D’ailleurs, un généraliste sur dix à la retraite continue d’exercer, pour combler le vide4 laissé par son départ…
L’évolution de la situation française
Malheureusement, la lumière n’est pas encore au bout du tunnel. C’est pourtant paradoxal, car la France n’a jamais compté autant de médecins en exercice – preuve que les déserts médicaux sont avant tout un problème de répartition.
Dans les années à venir, le nombre total de médecins devrait diminuer, tandis qu’avec le vieillissement de la population, les besoins vont augmenter. Ainsi, les déserts médicaux progressent. Le contexte local est très différent selon les départements, mais la situation se détériore pour ¾ d’entre eux.
Si rien n’est fait, dans cinq ans, 27 millions de français pourraient être privés de généraliste5. Heureusement, rien ne nous condamne à l’inaction !
Il existe des solutions !
Dans le rapport sénatorial, mentionné précédemment, plusieurs pistes sont avancées pour redresser la situation. L’une d’elle consiste à s’appuyer sur les nouveaux outils numériques, notamment, “soutenir le déploiement de la télémédecine en garantissant le remboursement des téléconsultations pour les résidents des zones sous-denses.”
En effet, depuis plusieurs années et particulièrement depuis la crise COVID, la télémédecine a fait ses preuves. Grâce à des plateformes web de prise de rendez-vous et de téléconsultations, il est possible de parler à un médecin situé n’importe où sur le territoire. Le temps d’attente est ainsi considérablement réduit ; le “marché médical” est en quelque sorte optimisé !
Les bornes de téléconsultation : au plus proche de la demande…
De plus, certaines entreprises comme Maiia proposent maintenant des télécabines (ou bornes de téléconsultation) mettant le patient en relation avec un médecin en moins de dix minutes. Pour aider ce dernier dans son diagnostic, des outils connectés sont intégrés à la cabine, comme un thermomètre, un stéthoscope ou un dermatoscope. Après la téléconsultation, le patient reçoit immédiatement (si nécessaire) une ordonnance. Les premières cabines de ce genre ont été installées dans les pharmacies. Problème : les plus petites communes ne disposent justement pas de tels commerces ! Pour cette raison, Maiia propose aux collectivités d’étendre l’accès au soin de leurs administrés en installant des télécabines… directement dans les mairies ! Les bornes sont si simples que les patients peuvent les utiliser seuls, en toute autonomie ; ceux qui le souhaitent peuvent aussi se faire aider par un infirmier ou une infirmière sur place.
Si vous êtes responsable d’une collectivité locale, n’hésitez pas à contacter les équipes de Maiia pour en discuter. Cette nouvelle formule est encore en phase de test mais elle pourrait bien se généraliser dans les mois et les années qui viennent… Après tout, les télécabines sont efficaces et fiables ; il serait logique de les installer dans tous les lieux pouvant accueillir du public, au plus près des patients potentiels et notamment dans les déserts médicaux.
1 Camille Strombini, La pénurie de généralistes, symptôme de la progression des « déserts médicaux » en ville comme à la campagne, Le Monde, 14 mars 2022.
2 Pauline Bluteau, La suppression du numerus clausus, un simple effet d’annonce ?, L'Edutiand, 10 février 2021
3 Bruno Rojouan, Rapport d'information (…) sur le volet "renforcer l'accès territorial aux soins", Rapport public du Sénat. Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable
4 Déserts médicaux : ces médecins retraités qui reprennent du service, France Info, 26 mars 2022
5 Stéphanie Benz, Déserts médicaux : d'ici à cinq ans, 27 millions de Français privés de généraliste ?, L'Express, 2 mars 2022