Article rédigé par Nathan TOUATI, directeur de publication chez NeuroXtrain
Introduction
Que ce soit dans la population sportive ou sédentaire, le mal de dos est une des pathologies les plus fréquemment retrouvées. Il est dit qu’une personne se retrouvera face à une douleur lombaire au moins 1 fois dans sa vie.
De manière plus générale, la lombalgie a été identifiée comme le principal facteur d’invalidité au monde. Elle est, de plus, classée comme le sixième facteur le plus important de la charge de morbidité mondiale, coûtant aux individus et aux gouvernements des milliards en coûts directs et indirects chaque année.
Il n’existe pas UNE lombalgie, mais DES lombalgies (non spécifique, neurologique, liée à l’articulation sacro-iliaque, …), ce qui rend les prises en charge difficile dans certains cas avec un impact très important sur la sphère bio-psycho-social du patient.
La prévalence de la lombalgie augmente linéairement après la troisième décennie de la vie et, avec le vieillissement de la population, la prévalence et l’impact de cette pathologie devraient augmenter. Les moyens en termes de prévention sont de plus en plus importants à ce sujet afin de diffuser les bonnes informations et les bons moyens de rééducation.
Parmi eux, il est désormais bien connu que l’éducation thérapeutique, les explications et le renforcement musculaire sont les grandes lignes directrices de nos schémas de rééducation. Sur l’aspect renforcement musculaire, l’habitude est de baser nos séances sur un entraînement progressif sur les muscles lombaires et abdominaux, mais souvent nous pouvons oublier l’importance du complexe lombo-pelvien et du renforcement des muscles fessiers. Au niveau de la hanche, les personnes souffrant de lombalgie sont plus susceptibles de présenter une réduction de la force musculaire du moyen fessier, une réduction de la force d’abduction de la hanche (mouvement d’écartement de la jambe sur le côté) et une modification du recrutement musculaire de la hanche, démontrant un schéma d’activation musculaire distal-proximal (de bas en haut) dans le membre inférieur par rapport à un schéma proximal-distal (de haut en bas) chez les témoins sains. Il est donc peut-être important d’avoir une attention particulière sur ces muscles-là.
Rôle du moyen fessier
Le moyen fessier est l’un des principaux muscles stabilisateurs du bassin et joue un rôle important dans le contrôle des mouvements du fémur et de la hanche dans les plans transversaux et frontaux. Cette stabilité peut être importante pour contrôler les mouvements excessifs et permettre une diminution des forces subies dans toute la région lombaire. Il est suggéré que la faiblesse du moyen fessier et la perte consécutive de la stabilité latérale dynamique du bassin et du bas du dos conduisent à une flexion latérale accrue du tronc et à une compression ultérieure des disques intervertébraux, ainsi qu’à des schémas de mouvement modifiés qui peuvent contribuer au développement ou à exacerber les symptômes de la lombalgie en position debout.
Les muscles fessiers ont une morphologie unique liée à l’endurance musculaire. Le moyen fessier est composé d’environ 58 % de fibres de type I, des fibres à haute capacité d’oxydation orientées vers l’endurance. Le grand fessier est composé d’environ 52 à 68 % de fibres de type I. La plupart des muscles présentent une combinaison de types de fibres, mais les fessiers ont un pourcentage plus élevé de fibres de type I que plusieurs autres muscles des membres inférieurs, notamment le droit fémoral (38 %), le vaste externe (42 %) et le gastrocnémien (48 %).
Ils ont donc un rôle prédominant d’endurance musculaire et ainsi, un déficit de cette capacité entrainerait des changements biomécaniques en position statique et dynamique favorisant les douleurs lombaires.
Intérêt du moyen fessier pour des douleurs lombaires ?
La réduction de la force du moyen fessier rapportée par la majorité des études est cohérente avec les liens théoriques précédemment rapportés entre le dysfonctionnement biomécanique du complexe lombo-pelvien et du membre inférieur, et le développement de la lombalgie.
Pendant la marche, le moyen fessier est responsable de la production et du contrôle de la rotation dans le plan transversal et de la position de l’articulation de la hanche dans le plan frontal. Il contrôle le maintien du bassin lors de l’appui unipodal. Il est expliqué que la faiblesse du moyen fessier entraîne plusieurs changements biomécaniques qui altèrent la position et la stabilité du bassin et peuvent ensuite contribuer à la lombalgie. Dans le plan frontal, la faiblesse du moyen fessier, qui se manifeste cliniquement par un signe de Trendelenburg, provoque une bascule du bassin du côté opposé à la jambe en appui lors de la marche comme nous pouvons le voir sur l’image ci-dessous.
Il est suggéré que cela entraîne une répartition inégale et prolongée de la pression sur les disques intervertébraux et une charge ultérieure dans les articulations lombaires, contribuant ainsi au développement de la lombalgie.
De même, la réduction du contrôle de la hanche due à une faiblesse du moyen fessier est susceptible d’augmenter l’effondrement médial du genou, entraînant une modification de la position du bassin et donc une augmentation de la charge sur la colonne lombaire, ce qui augmente le risque de lombalgie.
Rééducation
Et quels sont les exercices à réaliser pour renforcer son moyen fessier ?
Il existe un panel d’exercices différents qui peuvent être mis en pratique et nous pouvons les diviser en 3 catégories :
- En charge / Debout
- Les ponts fessiers
- Le décubitus latéral
Nous vous proposons ici 1 exercice pour chaque catégorie :
1 – En charge : La chute du bassin
Sur un step, placez une jambe sur le bord de ce dernier et une jambe dans le vide. Les mains sont positionnées sur le bassin pour vérifier la bonne exécution de l’exercice. L’objectif est de laisser tomber le côté du bassin homolatéral à la jambe dans le vide et de le remonter ensuite au-dessus du bassin controlatéral. Il s’en suit ensuite des cycles de descentes et remontées contrôlées.
2 – Pont fessier : Le pont unipodal
Placez-vous sur le dos au sol et pliez ensuite vos jambes. Vous allez ensuite tendre une jambe et levez les fesses pour réaliser un « pont fessier ». La jambe reste tendue sur les phases de descentes et de montée des fesses. Pensez à faire de même avec votre autre jambe tendue.
3 – Abduction en décubitus latéral
Placez-vous allongé sur le côté au sol. Il faut absolument obtenir un alignement parfait entre votre épaule, votre hanche et vos chevilles. Ensuite, l’exercice consiste à lever la jambe tendue vers le haut en gardant le même axe vertical, il ne faut donc pas lever la jambe vers l’avant ni vers l’arrière. Le pied de la jambe du haut en rotation interne ajoutera de la difficulté et spécificité sur le moyen fessier à l’exercice. La jambe d’appui au sol peut-être quant à lui en flexion de hanche pour assurer une meilleure stabilité.
Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.
A propos de NeuroXtrain :
Nathan TOUATI et son associé Antoine FRÉCHAUD sont à la tête de NeuroXtrain, site web spécialisé dans la rédaction d’articles et création de contenus divers sur les sciences du sport, les performances, les nouvelles technologies et la rééducation des athlètes.
Source :
Sadler, S., Cassidy, S., Peterson, B., Spink, M. & Chuter, V. (2019, 22 octobre). Gluteus medius muscle function in people with and without low back pain : a systematic review. BMC Musculoskeletal Disorders, 20(1). Article sous licence Creative Commons CC BY 4.0.
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